AMOS - La Nouvelle Conscience

AMOS – La NouvelleConscience
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Les bergers vivant dans les
montagnes de Juda y élèvent chèvres et moutons. Retirés du bruit et de la corruption
des villes, ils aspirent à la paix et à la tranquillité, tant physique que
mentale. Ne pouvant s’offrir de superflus, ils survivent tant bien que mal mais
n’envient pas nécessairement ceux qui vivent dans l’opulence.
Leurs
déplacements les emmènent dans les villages de la région du Nord de la Samarie.
Les bergers sont solitaires et sages à la fois ; ils s’informent,
discutent et écoutent ce qui se passe dans le pays. Amos est berger à Thekoa.
Il est observateur et se rend compte des injustices qui existent parmi le
peuple.
Alors que les pauvres vivent
dans des maisons faites de branchages et de briques de terre séchées, les
riches marchands possèdent de somptueuses maisons en pierres. Ces derniers ne
manquent de rien. Ils consomment en abondance, huile, viandes et vins. Ils
gagnent bien leur vie mais très souvent en truquant leur balance au détriment
des pauvres sans défense.
Amos
connaît bien le lot quotidien des plus pauvres. Il sait également que les
ministres du culte associés aux usuriers s’adonnent à des banquets au sein même
des temples. Ils s’enrichissent des amendes imposées au peuple et transforment
les temples en sanctuaire du mensonge et de l’hypocrisie. Au gré de ses
rencontres il écoute les prophètes, les mendiants, les lévites qui errent de
village en village pourchassés par la police des temples parfois.
Il existe
dans les prisons de Samarie des hommes qualifiés de "Gardiens de la
Tradition". Ce sont les Naziréens considérés comme des Saints. Ils portent
de longs cheveux et sont d’ardents mystiques. Les "meneurs" ont été
conduits dans des forteresses pour le reste de leur vie.
Amos voit
et ressent cette atmosphère nauséabonde. Sa conscience s’ouvre à cette réalité
que le Temple est souillé, le peuple bafoué et la Loi sans cesse contredite par
le comportement des prêtres. Il ne peut plus se taire, lui qui est témoin de la
déchéance de son peuple. Il est pris entre "refuser de voir" ou
"témoigner de ce qu’il voit", mais sa conscience ne le ménage plus,
ne lui laisse aucune alternative. Le Dieu de son cœur fait naître en lui le don
de prophétie et le Seigneur fait de ce berger de troupeaux un berger pour son
peuple.
« Vas,
lui dit-il, vas prophétiser au peuple d’Israël ».
Ainsi Amos se retrouve parmi
les mendiants de Dieu sur les routes du Nord. Si les prophètes sont tolérés
dans cette région, c’est à la condition qu’ils ne critiquent pas le pouvoir
royal, mais Amos ne se limitera pas à la critique de quelques prêtres du
royaume. Il vient, ni plus ni moins, annoncer l’effondrement du royaume de
Samarie et la déportation du peuple par les Assyriens.
Ainsi parle le Seigneur
« A cause des trois et à cause des quatre
rébellions d’Israël, je ne révoquerai pas mon arrêt ;
-     Parce qu’ils ont vendu le juste pour de l’argent, et le pauvre
pour des sandales
-        
Parce qu’ils sont avides de voir la poussière du sol
sur la tête des indigents
-        
Parce qu’ils détournent les ressources des
humbles ; après quoi le fils et le père vont vers la même fille, profanant
ainsi mon Saint Nom
-        
A cause des vêtements en gage qu’ils ont extorqué
près de chaque Autel et du vin confisqué qu’ils boivent dans la maison de leur
Dieu
-        
Parce qu’ils violent le droit des malheureux. Pourtant, ne
vous ai-je pas conduit 40 ans au désert, n’ai-je pas suscité parmi vos fils des
Prophètes, et parmi vos jeunes hommes des Naziréens !…Vous avez dit aux
prophètes ; ne prophétisez pas ! » …(Ch.2.v12).
Et à ceux qui lui demandent au
nom de quelle autorité il ose parler ainsi, Amos répond :
« Quand le lion rugit, qui n’aurait peur ? Quand le
Seigneur Yahvé a parlé, qui ne prophétiserait » ? Ch.3 v.8.
Amos s’attaque aux
institutions. Il veut que le peuple soit troublé, qu’il s’interroge, qu’il
culpabilise pour retrouver le chemin spirituel. Dorénavant, Amos se déplace
dans les villes de Samarie pour prophétiser et alerter le peuple. Il sent les
malheurs arriver sur Israël à cause de l’iniquité du peuple et l’irrespect des
commerçants pour le jour du sabbat qui empêche leur commerce et donc leur
profit.
Amos a des visions ; il
voit son peuple dans la tourmente et voit venir de terribles catastrophes. Mais
il voit après cela une lueur d’espoir ; il voit le peuple entrain de
rebâtir sur les ruines une vie nouvelle, il voit la maison de David s’élever,
les jardins produirent de bons fruits. Ce sera une rédemption après la ruine et
la destruction. La Lumière chassera les ténèbres d’un peuple désobéissant.
En réalité Amos veut troubler
la conscience des gens qui se croient justes, de ceux qui vont régulièrement
prier au Temple mais qui affament leurs congénères. Il attaque sans hésitation
la conscience de son époque :
« Malheurs à ceux qui
vivent tranquilles dans Sion, et en sécurité sur la montagne de Samarie
»
dit-il et le Seigneur d’ajouter : « Aucun d’entre eux ne
m’échappera. S’ils forcent l’entrée du royaume des morts, ma main les en
arrachera. S’ils montent aux cieux, je les en ferai descendre… J’aurai l’œil
sur eux, pour le mal et non pour le bien… (Ch.9 v.1-4).
Lorsque les hommes ont compris
que le Seigneur voit leurs pensées les plus secrètes, ils changent de
comportement et se purifient. Pendant ce temps Amos prophétise l’invasion des
Assyriens et la mort par l’épée du roi Jéroboam. Lorsque ce dernier l’apprend,
il ordonne son expulsion du Temple, surtout qu’il n’est pas reconnu comme
prophète "autorisé".
Dans le Temple, Amos rencontre
le Grand Prêtre Amatsia qui lui conseille d’aller "voir
ailleurs" ; la réponse d’Amos est percutante, il lui cite tous les
malheurs qui vont s’abattre sur la Samarie. Puis le Prophète quitte la région
et regagne les montagnes de Juda.
Les Assyriens envahissent la
Samarie et la ruinent en 722 av. J.C. Ce jour là, Amos s’adresse au peuple en
disant :
« Arrive-t-il un
malheur sans que Yahvé n’en soit l’auteur ? Car le Seigneur ne fait rien
sans avoir révélé ses desseins à ses serviteurs les Prophètes
».