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On doit à Osée et à Amos, tous deux prophètes, la
survivance des deux plus anciens textes bibliques. Alors que le royaume de
Samarie est la convoitise des Assyriens vers 740 av. J.C. Osée prophétise
l’invasion de la Samarie par l’Assyrie pour 722 av. J.C.

Ses oracles sont tous empreints de délicatesse, de
douceur, de sensibilité, comme pour interpeller ses semblables sans les
paniquer.

Le prophète est pris entre deux cas de
conscience ; l’un concerne son épouse Gomer, et le second son fils Izréel
(ou Israël).

La parole
du Seigneur fut adressée à Osée, fils de Bééri, aux jours d’Ozias, de Yotam,
d’Akhaz, d’Ezékias, rois de Juda, et aux jours de Jéroboam, fils de Joas, roi
d’Israël, vers 750 av. J.C.

Le Seigneur lui dit:

« Va
au temple, prends-toi une femme se livrant à la prostitution, car le pays ne
fait que se prostituer en se détournant du Seigneur ».

Il alla
prendre Gomer, fille de Divlaïm qu’il acheta. Elle conçut et lui donna un fils,
et le Seigneur lui dit : « Donne-lui le nom de Lo-Ammi (qui veut dire
"pas mon peuple"), car encore un peu de temps et je ferai rendre
compte à la maison de Jéhu du sang d’Izréel, et je mettrai fin à la royauté de
la maison d’Israël. Il eut ensuite une fille de Gomer qu’il nomma Lo-Ruchama
(qui veut dire "non-aimée").

Osée
rencontra probablement Gomer dans l’un des sanctuaires où elle se donnait,
comme d’autres prostituées,  à des rites
voués aux Dieux païens. Elle le trompe donc, et son fils est infidèle à son
Dieu en se donnant aux mêmes rites païens. Osée désire punir son épouse, mais
Dieu lui conseille de patienter, afin qu’elle se repente et se convertisse. Le
Seigneur patiente également mais frappera Israël s’il persiste à adorer des
idoles. Israël doit abandonner l’adoration des Dieux étrangers et renouer avec
la Connaissance comme au temps du Sinaï.

Osée,
seul prophète du nord, vit dans un pays instable. En effet, au moment ou il
prêche dans les temples, le pays est secoué par des troubles politique.
Zacharie - qui succéda à Jéroboam – fut assassiné après seulement six mois de
règne. Son assassin sera lui aussi tuer et c’est celui qui le fit passer à
trépas - Menahem - qui s’assied sur le trône de Samarie. Il ne préservera son
trône qu’à grand renfort de crimes et de malveillances.

Le
royaume s’enlise inexorablement dans le culte de faux Dieux, dans les temples
les gens d’Israël adorent Baal, offrent des sacrifices sur les anciens lieux de
cultes cananéens.

Osée qui se
consacre à la rédemption du peuple d’Iraël annonce lui aussi le chatiment
divin, l’effondrement des villes, le mort des rois, le retour à l’ancienne
Alliance. « Mon peuple est détruit, dit-il, car il a perdu la
Connaissance ».

Dans
les temples de Baal, les gens viennent prier autant pour le Bien d’autrui que
pour le Mal. On y prononce autant de bénédictions que de malédictions. Baal
incite les hommes à s’accoupler avec des prostituées "sacrées", à
condition de s’être purifié les yeux, la bouche, les mains. Les grands prêtres
ont toute autorité sur les prostituées qu’ils peuvent vendre comme on vend une
médaille ou une protection.

En
réalité, Osée a créé volontairement une "non-famille". Il a épousé
Gomer par vengeance et engendre des enfants porteurs de la malédiction du
peuple d’Israël qui a abandonné l’Ancienne Alliance. Il s’impose l’amour d’une
femme et de deux enfants nés maudits pour faire entrer la puissance de Dieu
dans le temple de Baal.

Quel
courage devait-il avoir pour accepter que son épouse continue à se donner aux
hommes lors des rites du temple.

Beaucoup
d’entre nous pourrait crier au scandale devant une telle situation. Mais Osée
est calculateur, il jette au yeux du peuple pervers une leçon d’amour. Sa femme
symbolise le peuple d’Israël qu’il aime et ses enfants symbolisent tous les
enfants abandonnés de Dieu.

Il n’hésite
pas à prôner son geste sur le parvis du temple afin de faire revenir le peuple
à la raison. De son geste émane une grande clarté, une grande transformation
s’opère en lui. Désormais il voit son épouse comme une déesse et ses enfants
comme des anges, car ils sont les objets du Dessein de Dieu.

De
la même façon que Gomer ignore l’amour de son mari pour elle, le peuple
d’Israël ignore l’amour de Yahvé pour lui. Le message du prophète est trahi, il
se sent meurtri, trompé, perdu, sacrifié. Il espère néanmoins un miracle ;
la rémission des péchés de son épouse et de ses enfants par Yahvé lui-même.

Le peuple se
moque des espérances du prophète, et sans le savoir c’est d’Israël qu’il se
moque à travers Osée. Le peuple d’Israël n’entendra pas le message, pas plus
que son épouse Gomer. Cela n’empêche pas Osée de continuer à prophétiser la
venue du Seigneur parmi eux. Il n’est pas nécessaire que les Assyriens
envahissent le pays si le peuple prend conscience de Dieu, mais il n’y semble
pas prêt. La Samarie sera malgré tout envahie.

Le Seigneur lui dit :

« Et Moi Je suis Yahvé, ton
Dieu, dès le pays d’Egypte. Je te ferai encore habiter sous des tentes, comme
aux jours de fêtes. J’ai parlé aux prophètes, j’ai multiplié leurs
visions » (Osée, ch.12, v10 et 11).

Désormais,
il ne reste plus qu’un espoir au message qu’a délivré le prophète ; c’est
la venue d’un Dieu d’Amour qui rachète les hommes et les arrache à la mort.

« Je
les rachèterai de la puissance du séjour des morts, Je les délivrerai de la
mort. O mort, où est ta peste ? Séjour des morts, où est ta
destruction ? » Osée, ch.13, v. 14).