L’Esotérisme révèle les secrets du monde, non pas les secrets profanes qui n’en sont pas vraiment, mais ceux qui ont contribués à la création de l’univers et à son fonctionnement. Par l’ésotérisme, on pénètre dans l’antre des « mystères » petits ou grands qui ramènent l’homme à sa véritable nature, sa nature Divine. Même s’il l’a oubliée ou reniée, celle-ci fait intrinsèquement partie de son être.

       « Les Pharisiens et les scribes ont reçus les clefs de la Connaissance et ils les ont cachées. Ils ne sont pas entrés et, ceux qui voulaient entrer, ils ne les ont pas laissé faire. Mais vous, soyez prudents comme les serpents et simples comme les colombes. » (Evangile selon Thomas, logion 39)

     Plus loin, vers la fin de son Evangile, Thomas confirmera ses dires ainsi :

       « Pauvres d’eux, les pharisiens ! Ils ressemblent à un chien couché dans la mangeoire des bœufs : il ne mange pas ni ne laisse les bœufs manger (logion 102). »

     En grec « esô » signifie « au-dedans », et « esôterikos » veut dire « de l’intérieur ».
L’ésotérisme est donc la science de l’intérieur, de l’intime, du caché, des connaissances réservées. Chez les Soufis, c’est le passage de l’extérieur à l’intérieur.

- Passage et travail à l’intérieur de soi, des êtres et des choses.
- Passage par-delà les voiles (Hébreux, ch.6, v.19)
- Passage par-delà le monde extérieur, l’espace-temps, les affects de la psyché, les catégories oppositions-limites du mental
- Passage par-delà l’égo involué
- Passage par-delà la sphère de l’exotérisme
- Passage par-delà celle de l’ignorance et de la satisfaction profane
- Passage par-delà la confusion, le mensonge et l’égocentrisme
- Passage par-delà l’existence du Prince de ce monde.

     L’ésotérisme, c’est voir au-delà des êtres et des choses. C’est la fixation de la conscience au centre de soi. C’est l’harmonie et l’équilibre par la confrontation avec le Divin qui ne peut être vraiment saisie qu’en étant vécue, car sa compréhension est tributaire de notre niveau d’élévation intérieure.

     L’ésotérisme devient un remède, ou un antidote, aux errements ou contrefaçons de notre époque qui conduisent à la confusion, au fanatisme, à l’agitation. La connaissance ésotérique ne peut s’exprimer que par le symbole, les paraboles, les allusions, car elle ne s’exprime pas par le langage profane. Le symbolisme permet de communiquer en utilisant le « langage des oiseaux. »

     La langue des oiseaux est un mode d’expression qu’utilisent les initiés pour communiquer entre eux afin de ne pas révéler certaines connaissances à des êtres malveillants ou incapables de les garder dans leur pureté originelle. Pour cela, ils utilisent plusieurs combinatoires : les jeux de mots, les symboles, les rébus, le langage à l’envers (verlan), les anagrammes, la symbolique des lettres et leur numération au sein des différents alphabets.
     L’ésotérisme est un moyen de véhiculer la Connaissance sans la dénaturer. Toutes les lois et réalisations divines doivent être transcrites par des termes ou des symboles qui puissent être compris par ceux-là même qui ont les capacités pour les appréhender. Mais cela suppose une prédisposition intérieure, un cheminement vers son propre « Soi ». Il s’agit d’intériorisation qui permet de communier avec le Divin qui siège en nous depuis les origines.

     L’ésotérisme, c’est aller jusqu’au bout de sa pensée pour en intégrer le cœur, puis repartir vers sa circonférence pour la concrétiser en paroles et en actes. Il est comme le point qui est à l’origine du cercle, il contient tout à l’état latent et se révèle à l’aide de clefs.

     Un philosophe exotérique voit, pèse, évalue, juge de l’extérieur des choses, mais un ésotériste voit, pèse, évalue et juge de l’intérieur des choses et de lui-même. Le premier à une vision d’en bas, terrestre, et le second d’en haut, donc céleste. Le premier regarde au sein de la matière et le second scrute les tréfonds de l’âme qui contient une parcelle de Dieu depuis la fondation du monde. L’ésotérisme est l’aspect spirituel d’un monde inaccessible à l’intelligence cérébrale (R. Schwaller de Lubicz, « Propos sur ésotérisme et symbole »).

     L’ésotérisme est la colonne vertébrale de la Tradition. En effet, il incombe au cherchant de déchiffrer les énigmes de la nature extérieure et intérieure de l’être pour remonter à la source de toutes créations, c’est-à-dire à la création de l’homme « Corps, Âme, Esprit ». De là découle la compréhension de toutes lois universelles.
Comme la Kundalini remonte la colonne vertébrale pour réveiller en nous une puissance énergie spirituelle, l’ésotérisme nous permet d’ascensionner vers Dieu par la voie traditionnelle.

Comme le dit Jacques d’Arès (Les Avatars d Christianisme, éd. Du Jour) :

       « Seul l’ésotérisme permet de donner véritablement au christianisme sa dimension universelle, dont il n’a plus le nom, « catholicos » que pour la forme…
     L’ésotérisme chrétien s’inscrit parfaitement dans la lignée de l’ésotérisme traditionnel, gardien de certaines connaissances provenant de la Révélation primitive et susceptible d’aider l’homme à retrouver le chemin de la Vie Eternelle…
     Force est de constater que l’enseignement initiatique n’est plus enseigné par ceux qui sont normalement les successeurs et des apôtres, et des pères, et docteurs de l’Eglise. »

     L’exemple le plus connu de la Tradition Esotérique est sans nul doute « La Divine Comédie » de Dante Alighieri. Vers la fin de sa vie, Dante achève son œuvre débutée en 1307 après l’arrestation des Templiers. Il situe ainsi le roi Phillipe Le Bel et le Pape Innocent V en enfer pour avoir brûlé leur Maître sur l’Ile de la Cité à Paris en 1314. Dante situe Jacques de Molay au Paradis, indiquant ainsi ses croyances et ses convictions chrétiennes et templières.

     Sa Divine Comédie sera son testament spirituel. Cette œuvre à clefs est un condensé d’ésotérisme dont il a puisé les codes dans son engagement templier secret. L’une des clefs utilisées est la symbolique des nombres puisqu’il élabore son récit sur les bases numérologique : - 3, pour la Très Sainte Trinité
-10, pour la Tétraktys Pythagoricienne (ou perfection divine)
- 9, résurrection et immortalité.

L’Esotérisme était, est et sera toujours un véhicule de la Tradition