L’ APOCALYPSE
Dernier livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse est attribuée à un certain Jean. Mais de quel Jean s’agit-il ? Pour les historiens – qui estiment que l’apôtre Jean n’a pas écrit l’Evangile qui porte son nom – l’auteur de l’Apocalypse reste inconnu. Ils privilégient l’hypothèse d’un auteur qui se serait inspiré de l’enseignement de l’apôtre Jean, dans les années 90-100. On avance toutefois Jean le Presbyte (ou Jean l’Ancien).
« Moi, Jean, votre frère et compagnon
dans la persécution, la royauté et l’endurance avec Jésus,
je me trouvais dans l’île de Patmos
à cause de la parole de Dieu
et du témoignage pour Jésus » (Ap 1,9)
Le mot apocalypse, transcrit du grec, signifie « dévoilement » et, dans le domaine religieux « révélation », qui dévoile la révélation de Jésus Christ comme issue du Père envoyant en ce monde son Fils, en se faisant par l’action de l’Esprit Saint.
La majorité des exégèses actuels s’accorde pour dater la rédaction de l’Apocalypse de la fin du règne de Domitien, entre les années 60 et 96. Une autre estimation fixe cette rédaction au règne de Néron (mort en 68). Dans les deux cas on retrouve des persécutions contre les chrétiens.
Mais, dans le langage courant, apocalypse évoque le déferlement et le déchaînement de forces incontrôlées et dévastatrices. De fait, il ne s’agit pas, à proprement parler, d’un récit de la fin des temps, mais d’un texte ancré dans le contexte que connaissaient les jeunes communautés chrétiennes d’Asie mineure, victimes de persécutions. Son message vise à les rassurer en dévoilant le véritable plan de Dieu. Les chrétiens peuvent continuer à placer leur confiance en le Christ, il vaincra les forces du mal.
La littérature apocalyptique provient probablement de l’époque de l’exil à Babylone (VIe siècle av. J.C.) avec les textes d’Ezéchiel, de Joël, de Zacharie et de Daniel, littérature qui sert de modèle à l’Apocalypse de Jean mais aussi aux apocalypses apocryphes juives et chrétiennes ainsi qu’aux textes de Paul de Tarse.
De l'étude de cet Apocalypse, on retiendra entre autre :
Symbolique des chiffres
Le 1 désigne la primauté, l’excellence
4 correspondant aux points cardinaux, désigne l’ensemble de la Création
7 représente la perfection
12 (les 12 tribus d’Israël), (les 12 apôtres), désigne l’ensemble du peuple de Dieu
1000 est la multitude ou un long temps.
L’auteur s’est inspiré des textes notés ci-dessus pour révéler l’Invisible en utilisant un langage codé que sont les multiples symboles. En voici quatre :
Les quatre vivants
Dans l’Apocalypse, les animaux ont une face d’homme, une face de lion, une face de taureau et une face d’aigle. Le trône céleste où Jésus est assis, est entouré des quatre êtres surnaturels, dans lesquels l’Eglise primitive a vu les symboles des quatre évangélistes, que saint Jérôme et saint Augustin ont ainsi répartis :
1) le lion : Marc (son Evangile commence par des scènes du désert)
2) le taureau : Luc, compagnon de Paul
3) l’aigle : Jean (le prologue de son Evangile est inégalable)
4) l’homme : Matthieu (donne la généalogie humaine du Christ)
L’Agneau
Cet Agneau est Jésus, mort et ressuscité dont le sacrifice assure la rédemption des hommes. C’est dans la mort de Jésus sur la croix que s’est révélé le visage de Dieu. Sa résurrection atteste ainsi sa victoire sur les forces destructrices au bénéfice de l’humanité.
Le Livre aux sept sceaux
Au chapitre 5, le voyant de l’Apocalypse découvre un livre entre les mains de Dieu « écrit au-dedans et au verso », scellé de sept sceaux. Personne ne peut l’ouvrir mais un Ancien annonce « la victoire du lion de la tribu de Juda, le rejeton de David ». C’est Jésus le Christ, l’Agneau immolé. Toute la cour céleste chante : « Tu es digne de recevoir le livre et d’en rompre les sceaux, car tu as été immolé et tu as racheté pour Dieu par ton sang, des hommes de toute tribu, de tout peuple et de toute nation ».
L’ouverture du livre entraîne la victoire définitive sur les forces du mal.
Le dragon
Dans l’Ancien Testament, le chaos primordial est représenté par un monstre marin, le Léviathan. Il est vaincu par Dieu lors de la Création (Is 27,1). Dans les Septante, ce monstre marin a été traduit par « dragon », il est très bien exprimé dans la vision de la femme et du dragon (Ap 12) : la femme vêtue de soleil, la lune sous ses pieds, couronnée de douze étoiles, enceinte, symbolise le peuple d’Israël duquel est né le Messie ; le dragon cherche à le dévorer mais celui-ci est enlevé au ciel où les puissances de mort ne peuvent l’atteindre. La femme, devenue le nouvel Israël, l’Eglise sait que la victoire du Christ est définitive (Ap 12, 9-12), mais elle est en butte aux derniers soubresauts du dragon qui se lance à sa poursuite dans le désert. Seulement, elle est protégée par Dieu qui la nourrit de la manne en attendant d’arriver à la Terre promise.
L’épilogue est composé des versets 6 à 21 du chapitre 22. Il met en valeur le voyant qui demande de révéler les paroles prophétiques, car la fin des Temps est proche.
Plusieurs textes de la Bible parlent de la fin des Temps (évangile de Matthieu où Jésus est interrogé sur le moment et les signes de son avènement et de la fin du monde). Le Livre de Daniel parle également de la fin des Temps. Le prophète Isaïe évoque de nouveaux cieux et une nouvelle terre.
Après cet âge sombre (Ap 20), le déclin moral et l’abandon d’une religion pour une autre redoubleront sous l’influence des « faux prophètes » annoncés par Jésus, une période de paix surviendra. La fin de ce chaos est proche car un être auréolé de gloire, à la manière du « Fils d’homme » est ainsi décrit par Daniel : « A lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire éternel qui ne passera point, et son royaume ne sera point détruit » (7,14).
Pour les chrétiens, c’est le Christ qui doit revenir à la fin des temps, pour parachever l’œuvre commencée lors de sa première venue parmi les hommes : celle de la Révélation du Royaume de Dieu. Ce retour du Christ, tel qu’il l’a lui-même annoncé, « avec grande puissance et gloire » (Marc 13-26), a un nom : celui de parousie, qui signifie « arrivée » en grec ou « épiphanie ».
Suite à l’arrivée de ce Christ rédempteur, un événement sans précédent doit avoir lieu : la résurrection de toute l’humanité. Les âmes en peine qui erraient depuis des millénaires dans cet obscur Shéol que décrit la Bible hébraïque reprendront vie, en corps et en esprit, sur terre. « Ceux qui dorment dans la poussière du sol se réveilleront » dit Daniel (12,2) Le « Fils d’homme » enverra ses anges avec une trompette sonore, pour rassembler ses élus des quatre vents, des extrémités des cieux à leurs extrémités » confirme Jésus (Matt. 24,31). Cette résurrection générale n’a rien d’une fin en soi, elle annonce seulement le Jugement final.
Quant aux trompettes de Jéricho qui annoncent la conquête de la terre promise par Josué, elles sont souvent mises en parallèle avec celles qui annoncent la seconde venue du Christ.