LA CHEVALERIE TEMPLIERE
Il nous a semblé intéressant de rassembler les notes de lectures de conférences sur le sujet de la chevalerie Templière, notamment d'une grande spécialiste de l'époque médiévale qui a beaucoup étudié Guillaume de St Thierry et son compagnon d'échanges spirituels St Bernard de Clairvaux (1).
Marie-Madeleine Davy (2) vouait à ce dernier une réelle admiration pour ses nombreux et variés talents inspirés par l'Esprit.
Elle le regardait comme un orateur hors pair soucieux des affaires de l'Eglise de son temps et comme un des personnages les plus influents au regard de la vie de l'Eglise mais aussi des faits de société.
Un vrai mystique qui sut réformer, fonder des abbayes et même une forme de chevalerie qui correspondait aux nécessités de l'époque avec l'Ordre du Temple (3).
Ⅰ- L'ÉPOQUE ROMANE : l'influence prépondérante de l'Eglise.
L'époque romane, particulièrement entre la fin du 11ème siècle et le début du 13ème siècle est une des plus florissantes que connut notre société chrétienne :
- La vie est ordonnée à des valeurs spirituelles et se déroule dans un climat religieux dans toutes les couches de la société.
- L'originalité des 12ème et 13ème siècles est de faire référence à l'Amour de Dieu et à l'amour charnel qui, l'un et l'autre, grâce aux mystiques, poètes, troubadours, ont réussi un équilibre entre sacré et profane. C'est le triomphe de l'amour courtois et de la Quête du Graal pour une certaine chevalerie comme nous le verrons plus loin.
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(1) St Bernard de Fontaine (1090-1153), réformateur de l’Ordre bénédictin, fondateur de l’abbaye cistercienne de Clairvaux – Docteur de l’Eglise.
(2) Marie-Madeleine Davy (1903-1998), historienne, philosophe, spécialiste dans la théologie médiévale mystique (nombreux ouvrages primés). Proche de l’orthodoxie dont elle a fréquenté les grands noms du siècle dernier : Vladimir LOSSKY – Olivier Clément…
(3) Fondé en 1118 par Hugues de Payns, oncle maternel de St Bernard, assisté de 8 compagnons à Jérusalem, l’Ordre fut reconnu, quelques années plus tard, lors du concile de Troyes où il reçut en 1129 sa Règle, élaborée par St Bernard.
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L'univers est alors considéré dans une perspective sacrée. Tout tend à l'harmonie et chaque élément à sa place : "La diversité ordonnée, dit Marie-Madeleine Davy, concourt à la Beauté du Tout, reflet de la Beauté et de la Grandeur du Divin".
Tout est relié dans le visible et l'invisible et même le monde païen recèle pour certains théologiens des vérités que l'on se doit de rechercher et non d'effacer.
Le cadre de la société étant chrétien, l'Eglise se présente avec toute son hégémonie, revendiquant deux pouvoirs : l'un spirituel, l'autre temporel. C'est la théorie des deux glaives; l'un, dira St Bernard, est dans la main de l'Eglise, l'autre (le temporel) est à ses ordres. Le Pape possède les deux mais la théocratie pontificale deviendra de plus en plus formelle, ce qui fera problème plus tard.
C'est avec le Pape Innocent Ⅲ (1198-1216) (1) que l'Eglise atteint son apogée. Or, dans la pensée des Papes, les croisades obéissaient à des impératifs précis, mais en dépit de leur autorité, ils n'arrivèrent pas à juguler le peuple dans ses exactions comme lors de la première croisade.
L'autorité de l'Eglise s'en trouva affaiblie et celle des Chevaliers du Temple aussi.
Puis se développa une intolérance, accompagnée de violences de la part des Chrétiens envers les Juifs et les Musulmans, sans l'aval de la chevalerie templière. Ainsi St Bernard écrit-il : "…. Le soldat de Jésus Christ tue donc avec sécurité et meurt avec plus de sécurité encore [……] quand il ôte la vie d'un méchant […..] il est vengeur du Christ sur ceux qui agissent mal et est le défenseur des chrétiens".
Et ailleurs : "La mort du païen empêche la propagation de l'erreur…". Mais lors de la croisade, les païens qui veulent se convertir sont épargnés.
Insistons cependant sur une Règle à laquelle le chevalier ne doit pas déroger : il lui est interdit de tuer, sauf pour préserver sa vie.
En fait, Marie-Madeleine Davy souligne que l'Eglise reste fidèle à la pensée de St Augustin : "Tuer un homme n'est pas toujours criminel mais il est criminel de tuer par méchanceté et non en vertu des lois".
Toutefois, l'Eglise tend par ses réformes et par son enseignement à provoquer l'adoucissement des mœurs et l'esprit de charité à l'égard des petits et des pauvres.
Et malgré des actes d'intolérance fréquents, l'Eglise fait œuvre de civilisation ; son action s'étend sur toute la chrétienté et même au-delà : c'est son esprit terrestre. L'esprit céleste est de se présenter comme "civitas" (cité) spirituelle : "La véritable Eglise, la vraie Jérusalem, l'Eglise parfaite qui est en haut" est, selon St Bernard "Sponsa Dei" (Epouse de Dieu), reprenant l'interprétation d'Origène pour qui l'Eglise comprend ceux qui, non seulement possèdent la foi, mais adhèrent à Dieu et l'aiment, thème récurent chez les Pères de l'Eglise.
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(1)A l'époque, le Maître du Temple, Gilbert Erail (cf Beaucéant n° 373 de Mars 2018), jouit pour son Ordre, de l'appui du Pape. Une quarantaine de bulles pontificales sont promulguées (si l'on ajoute celles de Eugène Ⅲ) pour réaffirmer les privilèges accordés au Temple.
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Ⅱ- L'ÉGLISE, LIEU DE THEOPHANIE
Dès le début du 12ème siècle on assiste à un phénomène étonnant et qui se répand à une vitesse accélérée par une forte demande : l'éclosion de monuments religieux qui s'étendent sur l'Europe et particulièrement en France. On parle d'"un blanc manteau".
Ce sont des lieux de prière qui embrassent l'univers, la terre étant reflet du ciel et tous les détails de l'édifice concourent à plonger le priant au cœur de la Création Divine.
L'église (et l'Eglise) est le lieu où Dieu rencontre l'homme, pèlerin sur la terre, ou sur les chemins de Compostelle, de Jérusalem du Mont-St-Michel… l'art devient cosmique.
C'est pourquoi, l'Ordre du Temple s'ingéniera à en faire avant tout un lieu de la Manifestation Divine ; tous ceux qui y coopèrent, concourent à la beauté de la Maison de Dieu : artisans selon leur spécialité, architectes, alchimistes pour les vitraux, théologiens et maîtres d'œuvre de concert…
Les Templiers accélèrent le mouvement, sentant le temps limité : ils ont les fonds et les moyens techniques nécessaires grâce à l'héritage du celtisme et à l'apport du Proche-Orient.
Tout se prête à aider l'homme qui entre dans une église à rencontrer la Réalité Suprême.
Les thèmes choisis sont inépuisables et transcrits dans la beauté pure, comme le souhaitait Saint Bernard, grâce à la pierre dénudée pour éveiller et transformer le cœur de l'homme.
Car l'Eglise romane, à l'époque de l'Ordre du Temple, est miroir de la Création et a pour mission d'enseigner la Sagesse, la Connaissance de soi et de l'univers par un enseignement "discret", non immédiatement reçu par le profane, mais par l'initié selon l'enseignement acquis.
Tout dans l'édifice contribue à cette magie (on appelait, autrefois, Notre Dame de Paris "la magicienne" (1)).
Tel est le message de l'Ordre que porteront les chevaliers chargés à la fois de faire avancer le Royaume de Dieu par l'enseignement de la Beauté et à travers elle de la Bible, mais aussi de défendre le Tombeau du Christ (2) et la chrétienté.
Pour cela, ils ont renoncé au monde et à ses attraits.
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(1) Nous ne pouvons, à ce propos, qu'approuver l'indignation actuelle contre la rénovation intérieure de Notre Dame, après l'incendie, qui va à l'encontre de sa mission d'origine, par ignorance et appât du profit.
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C'est pourquoi leur vocation présente une double face :
- Le soldat de Dieu doit impérativement obéir à des règles de combat strictes, exigeantes et performantes (3) : maîtrise de soi, confiance en Dieu et en Sa Miséricorde sous peine d'exclusion de l'Ordre.
Ensemble, avant le combat, les Frères prient non pour gagner la guerre mais pour la Paix.
Le soldat de Dieu est aussi moine, ce qu'explique la Règle établie par Saint Bernard, aussi ne nous étonnons pas que certains Maîtres de l'Ordre, souvent discrètement, et même anonymement ont quitté leur blanc manteau marqué de la croix templière pour l'habit blanc de moine cistercien afin de tout remettre entre les mains de Christ et Notre Dame, dans le silence et la Paix, après les horreurs éprouvantes pour le corps et l'âme, des champs de bataille.
Connaître "la jubilation du cœur", la "douceur de Dieu", voici des termes qui reviennent fréquemment chez Saint Bernard, Adam Scott et d'autres, qui peuvent séduire et attirer ceux qui sont las de la guerre et qui veulent transfigurer leur vie et de là, le monde, par la Prière, pour un monde nouveau, celui de l'Âge d'Or.
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(2) Le chevalier templier défend le Tombeau du Christ, mais aussi tous les chemins qui y mènent en Terre Sainte, pour protéger les nombreux pèlerins qui vont au-delà des frontières, cherchant à gagner "le Royaume" qui est en eux. Ils protègent aussi les voies qui mènent à St Jacques de Compostelle, au Mont-Saint-Michel, le but étant le même, quelque soit l'origine Sacrée du lieu !
Pour tous les pèlerins, c'est un changement de cadre de vie, la confrontation à d'autres formes de pensée, d'arts : tant de richesses que les chevaliers du Temple vont intégrer et rapporter pour le bien de la civilisation chrétienne.
(3)D'où l'admiration de leurs ennemis, particulièrement des Musulmans.
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Après avoir fait une synthèse du cadre de vie à l'époque romane, situé l'influence de l'Eglise et de la chrétienté sur la civilisation européenne et évoqué la place de la chevalerie templière, son rôle dans la société, nous continuons avec l'intrication du sacré et du profane et une approche du chevalier grâce à l'érudition de Marie-Madeleine Davy et de ce que nous savons grâce à l'enseignement qui nous est donné (écrit et oral) à l'O+C+T+C+N+D+.
Ⅲ – LE GRAAL
Le Graal, comme l'amour courtois, est un des sujets de prédilection dans la littérature des 12ème et 13ème siècles, dans une certaine classe, voire une élite, où l'on retrouve entre autres, le petit reste survivant du celtisme (même converti au christianisme) et côte à côte les chevaliers du Temple qui en reçurent l'héritage comme leurs frères cisterciens… par l'intermédiaire de Saint Bernard de Clairvaux (1).
Il s'agissait d'une quête (queste) spirituelle, où se mêlaient celtisme et christianisme, quelquefois maladroitement, qui donne les meilleurs fruits et alimente encore aujourd'hui toutes sortes de fantasmes dans toutes les formes d'art : le Roi Arthur avec les chevaliers de la Table Ronde (2) (Lancelot, Perceval et son fils Galaad seul habilité à contempler le Graal et leurs compagnons) sont des exemples de courage et de loyauté au combat mais aussi de spiritualité dans leur quotidien.
Ce n'est pas en vain que l'on parle de la "Queste du Graal", quête de Dieu qui anime non seulement les chevaliers mais aussi une partie de la société médiévale chrétienne. Le thème est souvent représenté sur les chapiteaux des églises et cathédrales, pour réanimer le désir de parvenir au but.
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(1) La branche maternelle de St Bernard était dans cette mouvance. Celui-ci grandit proche de la religion des Druides mais aussi dans le christianisme comme beaucoup de notables. Il fut investi des plus hautes fonctions pour cet héritage et en accord avec les autorités du Druidisme, il jugea le moment opportun pour mettre fin à cette religion qui avait transmis l'essentiel de son message. Une Vierge allait enfanter (voir la Vierge de la crypte de la cathédrale de Chartres). D'où l'importance que donna St Bernard à la Vierge, dans son enseignement. Notre Dame acquit une place d'honneur dans toute l'Europe chrétienne (cf aussi Beaucéant n° de Septembre 2020 n° 400 sur "Longpont" que St Bernard visita en 1131, bien avant Philippe le Bel)
(2) Ils sont 12 à siéger autour de la Table Ronde, comme les étoiles du zodiaque autour du soleil (le roi Arthur). (cf le portail de la Cathédrale de Modène en Italie, sur un chemin de pèlerinage, élevée en 1099. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco).
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Autres temps, lorsque l'on entend parler du Graal aujourd'hui dans le langage courant, il s'agit d'un reste culturel inapproprié qui désigne quelque chose de "merveilleux" de quasi inaccessible !
Mais pour le chevalier du Temple, les origines du Graal étant païennes, voire gnostiques dans son sens premier (1), il contient des éléments de base de l'initiation qui passeront ensuite dans l'initiation du chevalier du Temple selon trois degrés successifs pour atteindre l'illumination.
Ⅳ – L'AMOUR COURTOIS
Si l'Eglise s'est tenue à une certaine distance par rapport à la question du Graal, elle surveillait son évolution, discrètement, par l'intermédiaire du clergé régulier (moines et moniales des grandes abbayes), il n'en est pas de même avec "l'amour courtois" dont l'approche est plus sociétale donc profane.
Pourtant nos Frères Templiers eurent l'occasion, en Orient, de découvrir "un art d'aimer" qui rappellent l'Amour d'ordre spirituel.
Nous entrons ici, peu à peu, dans le domaine de la pure Chevalerie où le temporel se trouve sacralisé jusque dans le quotidien, pour la Gloire de Dieu et le Salut du monde.
Sans y être lié totalement, évoquer le Saint Graal fait penser à l'amour courtois qui s'est développé parallèlement, puis les deux se sont parfois intriqués.
Si l'un est une quête purement spirituelle, l'amour courtois est un art d'aimer avec ses codes qui règne dans les cours d'amour, où la dame est honorée de son homme lige chastement. Or, longtemps on a pensé que l'amour d'ordre profane pouvait être en corrélation avec l'Amour de Dieu.
Ainsi, nombre de poèmes courtois sont à double faces : ils célèbrent la dame inspiratrice de leur art, de leurs combats, mais aussi Notre Dame, la Vierge Marie, qui en est le modèle avec la Sagesse, don de l'Esprit qui conduit à l'Amour pur (2).
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(1) Dans son sens premier, c'est-à-dire sans tous les apports parfois délirants qui ont été associés à la Gnose, parallèlement à l'enseignement christique donné par les premiers chrétiens.
Dans son sens originel le Graal relaie une transmission immémoriale respectable.
(2) Voir "les Fidèles d'Amour" dans l'article sur "Dante Alighieri" (1265-1321) dans Beaucéant n° 410 de Juillet/Août 2021
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Pourtant, si dans son essence et à l'origine, l'amour courtois ne se présentait que comme un amour raffiné, on le vit évoluer grâce à St Bernard qui donna un sens religieux à un mouvement littéraire qui "débordait" parfois, en mettant à l'honneur la Mère de Dieu dont il sera reconnu comme le chantre universel.
Grâce à lui, Notre Dame sera la Mère Divine chez les cisterciens et Chef et Commencement de l'Ordre du Temple.
Alors, dans les combats, le cœur du chevalier reste près de la dame de ses pensées, son corps va servir le Christ pour lequel il a prêté serment et il prie Notre Dame de le préserver.
Etienne Gibson, rapporte Marie-Madeleine Davy, s'est posé la question de savoir si Saint Bernard a exercé une influence sur l'amour courtois. On peut penser qu'il a certainement interféré sur son développement pour ne pas qu'il s'égare… Pour cela, Marie-Madeleine Davy prend pour exemple la béguine Hadewijch qui s'est inspirée de St Bernard et de Guillaume de St Thierry : Ses thèmes sont empruntés à la poésie courtoise et à l'esprit chevaleresque.
Ⅴ – LE CHEVALIER ET L'ORDRE DU TEMPLE
D'ailleurs, pour Marie-Madeleine Davy, parler de l'amour courtois, c'est aussi évoquer la chevalerie à l'ère du christianisme.
Il faut rappeler son origine germanique (1) et que l'église lui a donné sa forme et son idéologie : le chevalier est considéré comme le soldat de Dieu qui doit combattre dans "les justes guerres", et comme il n'en existe pas (!) l'Eglise va christianiser le guerrier.
Tout chevalier doit obéir à un code où bravoure et loyauté tiennent une place importante.
Pour les Templiers il y a, cependant une différence notoire avec les chevaliers des autres ordres au Moyen-âge.
Appartenant en plus à un ordre qui est initiatique, ils peuvent être considérés, écrit Marie-Madeleine Davy, comme "les véritables chevaliers".
C'est pourquoi, dans la Règle qu'il écrit pour eux, Saint Bernard, leur fondateur, donne à l'Ordre le nom de "militia Christi" et à ses membres celui de "minister Christi".
Selon de nombreuses études portant tant sur le Graal que sur l'Ordre du Temple, il ressort que l'on peut identifier l'Ordre du Graal à celui du Temple et on en a la preuve dans "le Parzifal" de Wolfram von Eschenbach (2). Les paroles de Trevizent à Parzifal sont claires à ce sujet : "de vaillants chevaliers ont leur demeure à Montsalvage où l'on garde le Graal : ce sont LES TEMPLIERS".
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(1) Si l'on se place d'un point de vue relativement récent car le Beaucéant a déjà maintes fois eu l'occasion de traiter du sujet de l'origine de la chevalerie.
(2) Le texte de "Parzifal" servira de base à l'opéra de Wagner.
LEUR MISSION se distingue de celle des autres Ordres de Chevalerie qui prolifèrent au Moyen-âge :
L'Ordre, à la fois temporel et spirituel correspondait au double pouvoir royal et sacerdotal du Saint Empire
Il incarne les deux cités terrestre et céleste selon les Paroles du Christ à Son Père à la veille de Sa Passion comme en Jean 17, 16 : "Ils (1) ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde", en parlant de ses disciples.
En vertu de l'initiation en trois degrés qui leur était conférée Saint Bernard considérait les chevaliers comme "les fils de la Jérusalem céleste" qui, sous couvert de défendre le Tombeau du Christ et de protection des pèlerins étaient avant tout "LES GARDIENS DE LA TERRE SAINTE (2).
Par leur action, ils contribuèrent à sacraliser le temporel et en participant aux croisades, ordonnées par les Papes (2), ils défendaient l'Eglise temporelle et le Royaume de Dieu.
Pour cela, ils étaient assurés du soutien spirituel des abbayes cisterciennes (3) sous l'égide de Saint Bernard, jusqu'à sa mort en 1153, qui leur servaient parfois de refuges, dans maintes circonstances à titre personnel…
Comme l'a souligné Marie-Madeleine Davy, le moine-soldat étant "du monde" et "non au monde" pouvait être confronté comme le Christ dans le désert, à des tentations surtout à celles qui pouvaient les éloigner du sacré de leur Mission : dans la mesure où un pouvoir spirituel succombe, il se sécularise et se met au service d'un monde séparé, alors, dit l'auteure, les valeurs sacrales sont profanées ; l'homme perd Dieu et devient le serviteur d'idoles auxquelles il peut conférer une pseudo-sacralisation.
Certains chevaliers certes, ont succombé au temporel, mais pas tous ! et ont perdu le chemin vers la Lumière apportant opprobre à eux-mêmes (4) et injustement à l'Ordre du Temple.
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(1) Expression à ne pas prendre littéralement : que les membres relisent leurs mandements sur ce sujet qui est une des clefs de ce que certains appellent, sans savoir de quoi ils parlent, le mystère des Templiers.
(2) Certains Maîtres de l'Ordre, selon les circonstances ont fait souvent savoir aux Papes et aux Rois qu'elles ne servaient pas l'Eglise ; ils s'exécutèrent par obéissance.
(3) Ils se disaient frères et compagnons des cisterciens.
(4) Mais qui nous donnent le droit de les juger ?
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Admirons le geste du dernier Maître de l'Ordre, Jacques de Molay (1294 - † 1314), se dépouillant dignement de son blanc manteau portant la croix de gueule, avant de s'avancer vers le bûcher pour sauver l'Ordre du déshonneur par incompréhension et malversations.
L'homme a brûlé et s'est éteint, mais l'Ordre est demeuré intact et continue à vivre, de par la volonté de Dieu accompagné de Christ, de Notre Dame, de St Michel…. Et de tous les preux templiers qui intercèdent pour nous.