CHEVALERESQUE
L’Ordre du Temple est Chevaleresque
Une de ses fonctions est de conférer les grades de Chevalerie. Son combat est spirituel. Notre Glaive à deux tranchants est dans notre bouche, c'est le glaive de la parole de Dieu, et c'est par nos paroles et nos actions qu'on nous jugera. La Chevalerie du Temple est sur terre l'image de la milice céleste dont le chef est Saint-Michel Archange protecteur de l'Ordre du Temple.
La Chevalerie Templière, reflet de la Chevalerie Céleste, symbolise la lutte que nous devons mener contre l'erreur spirituelle. Un des maux dont souffre le langage de nos contemporains réside dans le manque de précision du vocabulaire qu'ils utilisent pour traduire leurs idées et leurs sentiments. Les mots sont rarement usités dans leur véritable sens, et c'est sans doute une des raisons pour lesquelles l'esprit chevaleresque est confondu :
- avec le fair-play sportif
- avec l'héroïsme du sauveteur
- avec le dévouement du médecin
- avec la courtoisie de l'homme du monde.
Certes, l'esprit chevaleresque se manifeste par un certain nombre de qualités ( le courage - la volonté - l'honneur - le respect des engagements - la protection accordée aux faibles - la défense de la justice - la fidélité - la courtoisie - la foi ).
Mais la Chevalerie est plus que l'accumulation de toutes ces qualités : elle est la présence terrestre et militante de la Religion et de la Tradition. Etant au service de Dieu, la Chevalerie a pour mission de favoriser l'évolution spirituelle de l'humanité vers le Divin. Elle est un agent de Transmutation Spirituelle de cette humanité ( d'où ses concordances avec l'Alchimie ).
Essayons maintenant de mieux discerner la Chevalerie Profane, la Chevalerie Religieuse et la Chevalerie Traditionnelle.
La plus grande confusion règne dans l'esprit de nos contemporains quant à l'origine, la vocation et la finalité de la Chevalerie. Il n'est donc pas inopportun de tenter de clarifier cet important dossier, en rappelant, d'entrée de jeu, qu'il existe trois sortes de Chevalerie : La Chevalerie profane, la Chevalerie religieuse et la Chevalerie Traditionnelle.
1 - La Chevalerie Profane (ou Laïque) :
Plusieurs origines sont avancées par les historiens : germanique, grecque, romaine, orientale... Une chose est sûre : la Chevalerie profane est issue de la classe des guerriers. En occident, elle s'épanouit au sein des structures que lui offre la noblesse.
Trois classes rythment alors la vie médiévale : celle des paysans, celle des clercs et celle des seigneurs. La première classe, par son labeur, assure la subsistance des deux autres qui en échange, lui assure - du moins théoriquement - une vie culturelle et spirituelle (sous la responsabilité des clercs) et une protection armée (responsabilité des guerriers). La Chevalerie profane a donc une vocation défensive et brutale (on arrête l'agression ou on la dissuade par l'utilisation ou la démonstration de la force).
2 - La Chevalerie Religieuse (parfois appelée improprement Mystique) :
Fondée ou inspirée par des "hommes de Dieu" (prêtres, prophètes), cette Chevalerie utilise la vocation défensive et brutale de la Chevalerie profane pour la mettre au service d'un projet religieux. Les guerriers qui se mettent au service du prophète Zoroastre s'efforcent "d'établir le règne de Dieu et de la justice en chaque maison, chaque cité et chaque province", nous disent les Gâthas. Ils veulent assurer la victoire du Bien (AHURA MAZDA) sur le Mal (AHRIMAN), comme cela est prévu à la fin des temps. Le combat de la Chevalerie zoroastrienne se place donc dans une perspective eschatologique.
C'est pour aider à la reconquête des Lieux Saints que l'Eglise Catholique médiévale suscite, protège, arme les Chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, les Chevaliers du Temple, les Chevaliers Teutoniques, les Chevaliers du Saint-Sépulcre, les Chevaliers Porte-Glaive... C'est pour évangéliser les peuples païens de Moravie que Christian, évêque cistercien de Prusse, fonde la Milice du Christ de Dobrzin... C'est en l'honneur de l'apôtre Jacques, et pour protéger les pèlerins se rendant à Compostelle, en Galice, que des laïcs demandent aux moines de Lerio de les aider à jeter les fondements de l'Ordre de Saint-Jacques de l'Epée, approuvé par un bref du Pape Alexandre III (en 1175) et par Innocent III (en 1200).
3 - La Chevalerie Traditionnelle :
C'est la forme la plus pure, la plus parfaite, la plus complète que puisse revêtir la Chevalerie. Elle est le canal par lequel se répand la Connaissance, la Gnose, la Sagesse Immuable. Elle est Universelle. Elle n'a ni commencement ni fin (elle existait avant la Chute Adamique et sera présente dans la Jérusalem Céleste). Couronnement, sublimation des diverses formes chevaleresques existant dans le monde, elle agit :
a) Sur la chevalerie profane en l'aidant à se transcender : on lui doit le rituel d'adoubement aux XIe et XIIe siècles (bain purificateur, veillée en prières dans la chapelle, bénédiction de l'épée), la codification des valeurs et vertus chevaleresques (protection de la veuve et de l'orphelin, loyauté, vaillance, respect de la parole donnée, humilité, etc...).
b) Sur la chevalerie religieuse en la dotant, à l'instar de certaines composantes de la chevalerie profane (Ordre de l'Etoile, Ordre de la Toison d'Or, Ordre de Saint-Michel), de cercles intérieurs où se perpétue le Johannisme, où l'ésotérisme chrétien est étudié, où les disciplines traditionnelles sont préservées et enseignées.
Difficile de ne pas citer le cas de l'ancien Ordre du Temple (fondé par des initiés johannites et protégé par Saint-Bernard). Evidemment, lorsque des "fuites" se produisent, l'action des religions exotériques ne se fait pas attendre : persécutions, bûchers se succèdent (Martyre de Jacques de Molay, 22e Maître de l'ancien Ordre du Temple) pour mettre fin à une situation contrariant le monopole des dites religions.
Placée sous la direction des Maîtres gardiens de la Tradition, la Chevalerie Traditionnelle suscite la création d'ordres chevaleresques autonomes à caractères initiatique, religieux, fraternel, dotés d'une hiérarchie initiatique et d'un clergé indépendant des religions exotériques (c'est le cas de l'O+C+T+C+N+D+ fondé le 27 Décembre 1984 à Jérusalem) et l'émergence de cénacles ou chapitres chevaleresques au sein des grands mouvements initiatiques : Stricte Observance Templière (XVIIIe siècle), hermétiques rosicruciens (XVIIe siècle), initiés martinistes (XVIIIe et XIXe siècles).
Elle tient compte pour cela de la Loi des Cycles, de la dette karmique de l'humanité et des impératifs du Plan Divin.
Conclusion :
Force est de constater que la chevalerie profane se réduit de nos jours à une représentation honorifique : Ordre de Calatrava, Ordre du Christ (décerné pour services exceptionnels rendus à la République portugaise), etc... .
La chevalerie religieuse contemporaine est surtout une chevalerie mondaine. Une chevalerie d'apparat liée à la haute bourgeoisie et à la noblesse, totalement inféodée au Vatican. L'Ordre équestre du Saint-Sépulcre est dirigé par le cardinal de Furstenberg, successeur du cardinal Tisserant. Sa branche française a longtemps été dirigée par le prince Xavier de Bourbon Parme.
L'Ordre Souverain, Militaire et Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte poursuit des actions charitables, délivre des décorations (enregistrées régulièrement à la grande chancellerie de la Légion d'honneur) et organise des cérémonies fort prisées du Tout-Paris dans la luxueuse salle des Croisades du château de Versailles.
La Chevalerie Traditionnelle, contrairement aux chevaleries profane et religieuse, ne tire sa légitimité ni des gouvernements ni des religions exotériques.
Si l'aide de ceux-ci est parfois enregistrée de façon positive dans la mise en place des structures matérielles d'un ordre chevaleresque à vocation traditionnelle (occultée pour raisons de sécurité compréhensible au Moyen-Age : Comtes de Champagne, concile de Troyes - en 1128 -) pour l'ancien Ordre du Temple, elle est toujours secondaire et limitée et cette aide n'est jamais payée en retour par un quelconque asservissement.
L'Ordre du Temple est tombé - pour cause d'indépendance d'esprit et d'action - sous les coups conjoints que lui assénèrent des gouvernants (Philippe le Bel et ses légistes) et un pape (Clément V).
Les seules autorités morales compétentes pour juger de l'orthodoxie traditionnelle d'un ordre chevaleresque se plaçant, dès sa fondation (ou sa résurgence, comme c'est le cas de l'O+C+T+C+N+D+), en dehors des limites nécessairement étriquées de la chevalerie profane et religieuse, sont les Maîtres Gardiens de la Tradition. Car la légitimité d'un ordre chevaleresque se réclamant de la Tradition ne saurait dépendre, cela va de soi, d'un décret gouvernemental ou d'une bulle pontificale... Une telle légitimité s'acquiert par le respect de prescriptions temporelles (date - heure), spatiales (lieu) et rituéliques en ce qui concerne la fondation et le respect des principes traditionnels en tous lieux et en toutes circonstances pour ce qui est de l'action.
Cette Chevalerie Christique implique également la nécessité des connaissances symboliques de l'Héraldique ou science du Blason, sujet vaste et complexe qui permet de saisir les rapports existant entre elle et les disciplines Traditionnelles et en particulier l'Alchimie !